Dans cette période assez vibrillonante, imaginative les trails fleurissent partout en France sous différent formats comme le fut le triathlon à l'époque. L'impact de l'UTMB (avec des qualifications cette année dues au succès colossal des éditions précédentes) est entrain de modifier en profondeur le paysage.
1- les formats
les "petits" trails sous 50km ....(c'est ce que je fais en général), facilement abordable par les "newbies", un minimum d'équipement nécessaire facilite la transition entre les routards et les traileurs (camelback et chaussures adaptés). En général, la découverte d'une moyenne horaire aux alentours des 8 km/h au lieu des 14 km/h sur route fait mal au moral et souligne le caractère spécifique de la discipline. On apprend à penser en vitesse ascensionnelle (m/h) plutot qu'en distance (km) ainsi qu'à muscler son jeu de jambes en descente.
les trails qualificatifs UTMB à coefficient 1 qui font plus de 50 km et moins de 80km, là ce n'est plus le même rythme de course et on touche un peu à l'ultra (du parcours à faire en semi-nocturne parfois, des passages à vide sont à prévoir..), le matériel évolue: frontale / équipement de secours obligatoire, parfois un changement de tenue legère à plus chaude est nécessaire pour s'adapter aux différences de température sur la journée et nuit. Le monde du trek/alpinisme collisionne le monde de la course.
Enfin, les Ultratrails qui font en général 100km avec des dénivelé positif conséquent (5000m D+ en général) à coefficient 2 pour la qualif UTMB avec la dénomination de
"grand raid". Là c'est de l'ultra, des nuit(s) passée(s) à courir/marcher, la gestion du sommeil rentre en compte, l'esprit et le corps en viennent à toucher des limites inexplorées pour beaucoup d'entre nous. La maxime de Michel Audiard prend ici tout son sens: "
Heureux soient les fêlés, car ils laisseront passer la lumière". Les taux d'abandons sont ahurissants 50% ou plus, et la performance est simplement d'aller au bout de l'épreuve ou au bout de soi même. La mention finisher est le précieux sésame que recherche chacun de nous en s'inscrivant dans ce genre d'épreuve.
2- les traileurs
Chaque distance attire peu à peu des publics variés, cela va des compétiteurs sur route qui essayent des distances similaires à la route, du fumeur qui arrête la cigarette, du sédentaire ayant pris un peu d'embonpoint et se lance à corps perdu dans l'air pur des massifs, aux triathlètes, alpinistes, raideurs multisport venus gouter à l'ambiance particulière des trails. De ce public éclectique, a émergé des communautés virtuelles sur internet, ce n'est pas encore le web 2.0 mais ce mini-réseau social y est pour beaucoup dans l'engouement pour ce sport.
Je peux citer les deux que je fréquente
UFO et
Kikourou, les UFOs sont plutôt dédié longue distance et ont
leur propre magazine de presse, les kikoureurs sont moins "hardcore" et tout aussi sympathiques (leur
bibliothèque de récits en images est impressionnante et a fait beaucoup pour convaincre certains de s'essayer au trail). Il n'est pas rare de se retrouver à 20 voire 40 sur des épreuves si ce n'est carrément pas au restaurant. Au delà de simples rendez vous sur les courses, les membres de la communauté (hum ça sonne un peu sectaire...) s'associent parfois à de belles causes telles le tour de france en courant pour des associations de lutte contre le cancer. Beaucoup d'activités somme toute où le chrono est laissé de coté en échange d'une convivialité qui manque parfois un peu dans la vie de tous les jours.
3- les organisateurs
La grande majorité de ceux ci sont eux même des traileurs expérimentés. Il y a bien quelques uns qui tentent l'aventure en venant de la route mais ils se heurtent à leur méconnaissance des spécificité du trail (prix d'engagement moins important, repas d'après course et ravitaillement bien garni, beauté des paysage, sécurité, respect de l'environnement etc...). Une édition en décalage avec les "standard" actuels et c'est tout de suite une évaluation négative dans les esprits qui est amplifiée sur les forums de la toile. L'avantage revient aux organisateurs établis depuis longtemps, ils ont stabilisé un parcours (souvent après plusieurs éditions) faisant le compromis entre la dureté et longueur de l'épreuve. Ils ont également trouvés des partenaires fiables (institutionnels ou privés tels north face, salomon, merell etc...) et les indispensables bénévoles sans qui rien ne serait possible. Phénomène assez révélateur des courses réputées (UTMB, TGV, Mercantour...), les bénévoles du jour sont vraiment des volontaires qui viennent avec des attentes similaires aux coureurs: participer à une aventure humaine, partager des moments uniques, aider tout simplement.
Pratiquement tous les organisateurs ont une implantation forte sur le lieu du trail (bien utile pour tracer un parcours et convaincre les institutionnels), mais les plus expérimentés (une minorité) arrivent à délocaliser leur savoir faire sur des épreuves en France ou à l'étranger. La plupart des organisateurs sont des bénévoles, amoureux de la nature, plus rare sont ceux qui arrivent à vivre de leur passion (gérant de boutique d'article de sport, de tourisme sportif à l'étranger...). Le retour sur investissement est positif si les traileurs sont présents, mais parfois l'écosystème nécessite un numerus closus, limitant ainsi les bénéfices directes. C'est pourquoi les institutionnels doivent être sensibles aux arguments systémique des organisateurs sur les retombées indirectes (restaurant, camping, un traileurs vient en famille et parfois revient après en mode randonnée etc..).
Peu à peu, chacun est entrain d'occuper l'espace en fonction de ses succès dans la longue chaine qui compose l'évènement d'un trail (recherche de sponsor, direction déquipe en avant phase etc;..). Un circuit national de trail qui regrouperait les meilleurs sponsors et les meilleurs organisateurs aux meilleurs endroits serait il un début de structuration?
Dans notre cas, un projet d'organisation d'un trail est dans les tuyaux. On en veut alors Yapluka!
La suite au prochain billet: un marché en pleine structuration
Akuna